Le dieu qui a dévoré ses enfants

Si je n'etais pas là ce week-end, c'est donc à cause de mon visiteur. Pas de temps à perdre, pas assez en stock déjà et envie de vivre les faits plutôt que de les raconter. Les plats préparés par ma mère s'additionnent dans mon frigo, les lettres auxquelles je devraient répondre s'accumulent, et ma culpabilté avec - encore heureux que j'ai envoyé des cartes postales de Suisse, sinon je penserais sérieusement au suicide par seppukku au coupe-ongles. Je ne vois quasiment plus personne en ligne, et je ne croise des vrais gens que pendant mes heures de travail. Je voulais écrire tous les jours ici, finalement pour une fois dans ma vie garder la trace précise des événements, nettoyer mon cerveau aussi, avec un peu de chance, en déposant en ce lieu mes pensées les plus enfouies.

Ma vie en ce moment se résume à peu de choses, mes journées font toujours 24h, les salopes. En pensée de fond, lancinante comme une blessure fraîche qui ne se referme jamais, le "je veux partir, ne plus être là, toute cette boue loin de moi". Où est mon salut, que devient mon âme, qui a sûrement d'autres problèmes que d'avoir mangé trop de salade ?

La durée est essentiellement une continuation de ce qui n'est plus dans ce qui est.
~ Henri Bergson