Jonction

Finalement je peux enfin écrire ici, après plusieurs jours de souffrance sans connection, ou plutôt sans modem valable. FAI de mierda ...

Un week-end à cheval entre deux villes vient de se passer. Vendredi soir ici, samedi après-midi et dimanche matin ailleurs, en compagnie d'un Suisse léger qui a cherché à me faire échapper à cette cité, et à se (nous) donner plus de liberté d'action. Suite à nos précédentes conversations sur le sujet, je pensais que ces deux jours marqueraient la fin de l'aventure pour nous. D'une part, j'en étais arrivé à la conclusion que les choses finiraient par reprendre avec B., que c'était bien ce que ce dernier souhaitait et me répétait assez souvent ces derniers temps, et ce que je ressentais personnellement, et d'autre part, D. m'avait bien dit qu'il ne souhaitait pas de CDD. C'est lui qui a abordé le sujet le premier, le samedi soir, entre la poire et le fromage au restaurant. Etrange, mon "je ne pense pas qu'il y ait d'avenir possible pour nous" semble très bien pris, alors qu'il se décompose intérieurement, je l'apprendrais plus tard. Je lui demande aussi de réfléchir, quand il me répond que pour lui il n'y a rien de nouveau, qu'il sait depuis le départ, selon ce que je lui ai toujours dit, qu'il s'agissait de 95%-5%. Donc finalement il souhaite aussi continuer. Je suis étonnée et heureuse, c'est ce que je voulais, en pensant que je ne l'aurais pas.

Paradoxalement peut-être, je me dis que la meilleure manière de s'attacher aux gens c'est de s'en détacher, puisque je me surprends à le contacter plus facilement, plus souvent, et plus "gentiment" maintenant que tout est plus que clairement énoncé, que pendant que je me rongeais les sangs ces dernières semaines en me disant qu'il développait trop de sentiments par rapport à moi, qu'il fallait que j'arrête tout, que je le faisais souffrir, et B. également, et que tout pourrait être simple, mais que rien ne l'était.
Je ne suis pas en train de commencer une double vie, mais une deuxième, qui stoppera quand elle stoppera, mais nous n'en sommes pas là encore.

Bien-sûr je suis perclue de doutes. Je me souviens de messages de D., qui parlaient assez clairement d'amour. Dans le même temps, il m'a aussi dit qu'il ne m'aimait pas (encore). Quelle version dois-je croire ? Je me demande si comme au restaurant, il se maîtrise pour ne rien laisser transparaître, mais que je suis face à une eau dormante ; et que se passera-'il quand elle se réveillera, dans ce cas ? Je ne peux pas encore lui faire totalement confiance, quelques éléments - indices ? - du même genre me posent problème(rien de mortel non plus, mais je suis la personne que je suis, donc je ne peux m'empêcher d'être vaguement perturbée par ces détails insignifiants pour d'autres).

Nous avions discuté avec B. jeudi dernier. Je voulais savoir s'il ressentirait la situation aussi douloureusement s'il savait qu'il me regagnerait à la fin. Il m'avait dit que non, que bien-sûr, me savoir dans les bras d'un autre ne déclenchait pas des torrents d'endorphines chez lui, mais que c'était surtout la peur de me perdre qui lui faisait mal. Dimanche je lui ai dit qu'il était la clé (un frère jumeau de Dawn, en quelque sorte, Buffy, où est-tu dans ce cas ?), dans un sens ou l'autre, et que c'était une certitude.

J'ai donc en ma possession une bénédiction du bout des lèvres de chacun de mes deux hommes. Bon gré mal gré. A moi de bien m'en servir maintenant, et de leur rappeler s'il le faut dans le futur.

There are worse things in life than death. Have you ever spent an evening with an insurance salesman?
~ Woody Allen