Les règles du jeu ont changé

Quand B. est revenu de son séjour dans sa famille et qu'il m'a annoncé que nous devions nous séparer, soit l le 27 mai, j'ai fait ce à quoi j'avais pensé  : je me suis inscrite sur meetic. L'idée d'être la pauvresse, semie-cocue, semie-abandonnée, et de ne rien faire avec cela, ou plutôt contre cela, m'horrifiait. Il était clair que je devais vite me trouver quelqu'un d'autre pour oublier, ou du moins pour atténuer la profondeur de la blessure (enfin celle à l'égo). Comme je l'ai dit précédemment, 32 minutes sur le site m'ont fait comprendre que j'avais eu une mauvaise idée. Quelques messages bateau dans le meilleur des cas, des "bjr" et des "salut" à la pelle avec rien d'autre, des profils qui se ressemblaient tous, pas obligatoirement des gens pas biens, mais en tout cas très loin de moi, trop loin. Et en plus une ergonomie et surtout un engin de recherche, euh, pitoyables ?

Dans le même temps, la discussion avec B. se poursuivait, qui me laissait entrevoir la possibilité d'un futur commun, souhaité autant par lui qu'il en était capable en ce moment. La vengeance s'estompait de mon côté, et l'espoir reprenait un peu corps.

J'ai abandonnée le site, en me disant que cela m'avait coûté le prix d'une session de psyquelquechose, non remboursée, mais qu'au moins : 1) j'avais osé, j'avais agi, ce qui n'est pas si mal en ce qui me concerne et 2) je savais maintenant ce qui ne me convenait pas, d'où l'absence de regret de ma part, en tout cas la certitude que j'étais obligée de passer par là pour apprendre quelque chose sur moi, et sur les autres.

J'y suis revenue quelques jours après, cette fois-ci en pensant que je pouvais essayer de l'utiliser différemment, pour y trouver ceux qui me ressemblaient, qui partageaient des goûts communs avec moi. J'ai donc refait une jolie annonce, qui met en avant mes intérêts éclectiques et mon caractère impossible. Précisons que pour cette dernière partie, c'est surtout le texte dans son ensemble qui laisse entrevoir quelle abomination je suis. Bon, j'avoue, j'ai mis plus d'un mois et demi à remarquer que contrairement à mes vitupérations, il y avait bien une recherche par mots-clefs. J'ai beaucoup tatonné avant, et vu plein de profils bancals banco... non, bancals. Je m'amuse beaucoup dessus depuis une semaine. En même temps, si je peux trouver des fans de rockabilly avoués, monsieur meetic tient absolument à me priver de ceux de psychobilly et de ska (et il y en a, j'en ai rencontrés). Parallélement, il est instructif de lancer une recherche avec "féministe" (le "féminine mais pas féministe" est un grand classique, deux claques et vas faire la vaisselle, oui), "névrosée" ou "prozac". Malheureusement, je penche pour la censure en amont (non validation de l'annonce) avec l'absence totale de "sarkozy" et "sarzozyste", et autre noms propres quasimment plus effroyables encore. Comme monsieur meetic est décidement un gars du coin, il m'empêche de trouver des profils dans les pays anglo-saxons si je recherche un mot en anglais, et là j'ai du attendre ces derniers jours pour penser à aller directement sur le site du Royaume-Uni et le .com et pas le .fr. Le Grand Britton aime bien la femelle un peu/beaucoup plus jeune que lui d'ailleurs. Perfide Albion !

Donc, j'ai bien cyber-rencontré des XY intéressants par l'entremise de ce site numéro 1 de la rencontre en Europe. Avec qui je continue de discuter, même. A qui j'ai bien expliqué à quel point il ne fallait pas surtout pas commencer à m'idôlatrer, même si c'était très dur, j'en ai bien conscience, parce que là, je ne savais pas trop où ma vie était en train de me mener. Le 5 à 7 sera malheureusement compliqué, le plus proche se trouve à 147,77km, et 19,83€ par la route m'indique à la seconde Mappy. En plus, si on me demande mon avis, je pencherais plutôt pour le demi nain Irlandais à contrebasse et gomina, mais c'est mon penchant pervers et avéré pour l'exotisme qui s'exprime (et l'accent irlandais, c'est quasimment aussi bien que l'écossais, faîtes petit jésus qui n'existe pas qu'il ne tombe jamais sur cette page ou j'aurai l'IRA aux fesses pour le restant de mes jours).

Je n'exclus pas de 3D-rencontrer certains, quand temps et argent seront finalement au rendez-vous (jésus, mon garçon, débarasse-moi à un bon prix de cette bous...  ce bar). Je change, je m'ancre dans le réel, tape-tape sur le sommet du crâne, bon Cheshire, va ...

"Hey, Ripley. A ce qu'on raconte, tu as déjà eu affaire avec ces bestioles ?" Ron Perlman
"C'est vrai..." Sigourney Weaver
"Ouah, Putain... Et alors ? T'as fait quoi ?" Ron Perlman
"Je suis morte." Sigourney Weaver dans Alien : Resurrection de Jean-Pierre Jeunet

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