Sagesse chez les chats

J'écris parfois avant de m'endormir, avec un vrai stylo, sur du vrai papier dans un carnet. Hier, j'en suis arrivée à une certaine conclusion. Je me demande depuis plusieurs mois si nous allons revenir ensemble B. et moi, si cela doit arriver, si cela va arriver, si je le veux, si j'ai raison de le vouloir, si je dois m'écouter quand je me dis non, ou oui, puisqu'il paraît que mon intuition me sauvera en gros de tout, mais que je reçois des massages messages [les massages, me manquent depuis trop longtemps par contre] on ne peut plus contradictoires.

J'ai essayé de poser tout cela à plat. Dur, parce que j'avais aussi peur de ce que je lirais. La peur de faire face. La peur n'évite pas le danger. Le danger reste tapis dans un recoin du cerveau, et attend le meilleur moment pour attaquer.
Je me demande depuis sept ans si B. est l'homme de ma vie, pour simplifier. Quand le "Big Bang" est arrivé, la réponse est arrivée limpide : oui. Peut-être pas jusqu'à la fin des temps, peut-être pas le seul, mais autre débat. Précédemment, j'avais des doutes, parce que dans ce cas pourquoi ne l'avais pas reconnu, pourquoi avais-je, non pas une impression contraire, mais au moins mitigée (: "Bon élément, mais pas parfait"). On ne sait combien on aime les gens qu'une fois séparés, souvent. Bon, le retour des doutes est intervenu depuis cet automne sûrement.

Et puis quoi ? Admettons que la chose qui me fasse le plus peur soit vraie : B. n'a pas la valeur maximum que je voudrais parfois lui donner. Bien. Mais il est quand même limpide que je l'aime. Que j'aime être en sa présence. Qu'il me manque à l'heure actuelle. Que si je me suis, si nous nous sommes mis à nu à ce point, ce n'ets pas un hasard, une simple coïncidence. Donc, peut-être pas "L'Elu", sûrement pas (en même temps, puis vraiment affirmer qu'il/elle existe ?), mais un Elu. Peut-être du mieux ailleurs, après, peut-être du mieux avant, raté.
Et puis quoi ? N'y aurait-il que la médaille d'or qui compte pour moi ? Et les finalistes, c'est de la gnognotte ? Il n'y a que huit personnes au monde, tous les quatre ans, qui arrivent à la dernière course du 100m. Une seule médaille. Mais quoi, les sept autres estiment qu'ils n'auraient pas du courir ? S'ils avaient su qu'ils n'allaient pas franchir la ligne les premiers, ils auraient répondu, "ah, en fait, désolé, j'avais oublié qu'il y a Derrick de rediffusé ce jour-là, donc allez vous faire voir" ?

Non.

Une personne m'a dit que j'avais tort d'en être amoureuse. J'aurais du demander exactement pourquoi, parfois je suis un peu lente, un peu conne, un peu timide, trop tard maintenant, je trouverai la réponse toute seule, donc. Je suis aussi sensée partir seule de mon enfer, et retomber amoureuse. Mais je pourrais aussi retomber amoureuse de B., car pour l'instant c'est plus de mon amour dont je suis sûre, pas de mon amoureusité. Je peux aussi être amoureuse de quelqu'un d'autre. En même temps. De ce que je sens, j'aime B., de ce que je crois être lui ; sauf tromperie de sa part, sauf aveuglement maladif confinant à la débilité la plus crasse de ma part, je n'ai pas de raisons de cesser de l'aimer. Et je vois en ce moment au contraire, pour m'aider, les petits signes, les efforts qu'il fait pour mieux exprimer son amour, ses sentiments, pour aller vers moi et ma Psyché.

Le prendre dans mes bras pour le reconforter, pour qu'il me réconforte, parce que ce que j'ai vu il y a un peu plus de dix mois (en résumé : je l'aime et nous reviendrons ensemble parce que cela ne peut pas être autrement) ne peut pas être une hallucination complète, ce n'est pas trop mon genre.

La médaille d'or c'est bien, la finale aussi, bêtasse. Et peut-être le podium au bout.

On hasarde de perdre en voulant trop gagner.
         Gardez-vous de rien dédaigner ;
         Surtout quand vous avez à peu près votre compte.
~ Jean de La Fontaine, Le Héron