Partie de campagne
Les enfants ne savent pas toujours ce qu'ils veulent, pourtant tous courent en haut des collines et s'élancent sans se demander si demain sera encore là. Attraper des papillons encore et encore, et des crabes vert aux yeux rouge, et l'été suivant, le sable roule toujours sous leurs pieds.
L'orage passe, tout simplement, en attendant, un livre, un ni oui ni non, des images qui se colorient au fur et à mesure. Trucage de l'esprit et fleurs qui éclosent. Dans une boîte de carton aux coins un peu usés, est rangé un jeu de loto qui ne demande qu'à être sorti. Et puis plus loin une poupée aux joues un peu salies, et puis juste à côté les petites voitures que je collectionnais dans mes premières années. Au fond de mes yeux, des rêves de lucioles un soir de quatorze juillet, indifférente tout d'un coup aux feux d'artifice. J'ai encore l'odeur du foin et de la paille en fermant les yeux, et des vaches qui passaient devant la maison des grands-parents. Sa grille verte, puis bleu turquoise. Le changement de boîte à lettres, les cailloux de la cour qui écorchent les pieds tendres et leurs genoux. Je n'ai jamais trouvé de bébé mésange à soigner, et les chevaux tombés des westerns me faisaient pleurer. La famille est-elle éloignée ou lointaine ?
Quand les enfants courent en riant le long des chemins, ils ramassent les mûres encore un peu vertes, et se piquent le bout des doigts sans y prêter attention. Il sera toujours temps d'y penser dans trente ans.
It is never too late to have a happy childhood.
~ Tom Robbins